Le meilleur service de santé du monde, donc.
J’ai un peu l’impression de passer ma vie à pondre des notes ici, en ce moment.
Mais passons, au moins ça fait vivre le blog, n’est-ce pas. Puis si j’avais pas autant la Lose, je suis sûre que je me ferais chier – encore que ça reste du domaine du théorique puisque j’ai depuis ma naissance, selon Cat’s, un écriteau virtuel au-dessus de ma tête avec marqué en gros et au néon « boulets, par ici ».
Je ne saurai la contredire puisque cette semaine en a été l’illustration parfaite, notamment en ce qui concerne mes pérégrinations au VDG (affectueusement surnommé Val de Disgrâce depuis peu par mes soins), hôpital militaire fort réputé de son état, avec un service neurologie tout aussi réputé.
Il se trouve que je devais prendre ce mardi un nouveau traitement de fond pour ma sclérose en plaques. C’est un traitement assez lourd, qui nécessite 48h d’hospitalisation par mois, avec intraveineuse (et des tas d’examens à faire régulièrement). Or donc, je devais donc arriver lundi après midi et repartir mercredi matin, avec la perf’ le mardi.
Je suis repartie mardi après-midi sans être traitée.
Mais remettons-nous dans le contexte. Il se trouve également que je fais une nouvelle crise depuis quelques jours (oui bon, bientôt deux semaines, maintenant, en réalité). La semaine dernière, profitant d’une IRM que je devais faire là-bas, et parce que je n’arrivais pas à avoir qui que ce soit au téléphone (manifestement, il ne faut pas être malade pendant les vacances, ça fait mauvais genre – t’attendras la rentrée, ma grande, si tu veux avoir une réponse rapide, hein), je suis allée directement voir au service neuro, pour demander ce que je devais faire. Le médecin que j’ai réussi à voir m’a dit de ne rien faire, que les corticoïdes retarderaient la prise de mon traitement, et que ma crise « passerait toute seule » au bout d’un moment. Soit, je suis contente de savoir que j’ai le droit d’avoir mal – mais bon, c’pas grave, apparemment.
Bref, lundi arrive, j’ai toujours mal à la jambe, mais peu importe.
Alors d’abord j’aimerais savoir pourquoi on me demande d’arriver à 13h sachant que tout le monde est en pause déjeuner jusqu’à 14h, et que j’ai attendu une heure pour rien aux admissions, le temps qu’on se décide à s’occuper de notre cas, à moi et aux 15 autres personnes qui attendaient dans le couloir. Je cherche toujours la réponse.
Ensuite, je me rends compte qu’il y a des travaux dans le bâtiment où je suis. Je m’apercevrai plus tard que les ouvriers, c’est à partir de 8h du matin, et jusqu’à 18h. Sans interruption. Il me disait quoi, le neu(neu)ro que j’ai vu la semaine dernière déjà ? Ah oui : repos complet, siestes dans la journée, et surtout, du CALME. Ah ben, ballot, mais pas pour cette fois, manifestement. Parce que tant mieux pour lui s’il s’endort paisiblement au doux son d’une sonate en perceuse majeure, mais moi je dois pas avoir l’oreille assez musicale. Ou trop sensible, peut-être, allez savoir.
Après le concerto en marteau-piqueur bémol, j’ai eu droit à un ballet digne du Bolchoï (c’est très culturel l’hôpital, en fait). Les infirmières, pour me faire tout et n’importe quoi (y compris des prises de sang dont une à six heures du mat’ parce que sinon c’pas drôle et j’aurais dormi plus de quatre heures dans la nuit, j’aurais été trop en forme – repos complet et siestes, disiez-vous ?)…tout et n’importe quoi, donc, sauf mon traitement.
Ballet des internes qui ont du mal à savoir sur quel pied danser, puisque l’un me dit qu’on va me faire mon traitement le matin, puis l’autre deux heures plus tard qui me dit qu’en fait non parce qu’on n’a toujours pas retrouvé mes résultats d’analyses de sang, et d’ailleurs suis-je bien sûre de les avoir faites ? Oui oui. Y’a à peu près trois semaines. Dans votre hôpital, tiens. Ballet ? Ballot, aussi, encore une fois. Ballet toujours des internes, qui me disent que finalement le chef de service (que je ne verrai jamais parce que Monsieur n’est pas dispo avant le lendemain) veut traiter ma crise (avec les corticoïdes qu’on m’a interdit de prendre la semaine précédente, je vous le rappelle), et du coup me garder trois jours supplémentaires. Puis qui finalement préfère me laisser souffrir et me garder hospitalisée jusqu’à ce que les résultats de la prise de sang perdue soient retrouvés (ou que ceux de celle qu’on m’a faite le matin arrivent…dans 8 jours). Puis qui en fait, me propose (enfin, c’est l’interne qui me propose et qui a bataillé une demi-journée auprès du chef de service pour qu’il accepte) un compromis entre la perf’ et les comprimés de corticoïdes, histoire que je puisse rentrer chez moi le jour dit.
Ballet de votre CC en chef, qui sœur Anne, ne voyant rien venir (après la musique et la danse, la littérature – c’est merveilleux l’hôpital, j’vous jure), a fait des dizaines d’allers-retours entre sa chambre et le bureau des infirmières pour savoir si, oui ou merde, on allait enfin me faire cette putain de perf.
Eh bien : merde, manifestement. Oh, il y a bien deux infirmières qui sont venues, après leur réunion. A 16h. Après avoir lutté pour obtenir l’accord du chef de service. Pour me faire une perf de corticoïdes qui dure trois heures (qui se termine donc à 19h…autant dire que vus les effets secondaires, je ne dormais pas de la nuit – mais peut-être comptaient-ils sur ma précédente nuit blanche et les bruits de travaux dans la journée pour m’épuiser suffisamment, je m’interroge).
Enfin, ça c’est si elles avaient réussi à me piquer. Au bout d’un quart d’heure à ne pas trouver la veine, je me dis que ça commence à devenir un poil long. Bon, OK, apparemment, il semble que ce soit difficile de me piquer (même si mes veines sont visibles sous ma peau comme une carte routière, mais bon, j’dis rien), ils le savent depuis le temps que je viens chez eux, ils veulent sans doute ne pas se louper. Du moins c’est ce que je me dis pour me rassurer parce que ça commence vraiment à devenir long, là. Jusqu’au moment où j’entend l’une dire à l’autre « bon, je te regarde faire, et si je vois que tu te loupes, je te corrigerai ». On m’a refilé une stagiaire \o/
Là je me suis levée du lit et je leur ai dit que ce n’était pas la peine de s’acharner, et que je rentrais chez moi.
Trois quarts d’heure de discussion acharnée avec les internes (Monsieur le chef de service n’est toujours pas disposé à me parler en personne, je dois être trop insignifiante pour recevoir ne serait-ce que des explications – des excuses je n’y pense même pas, hein –, je suppose) plus tard, pour enfin obtenir un bon de sortie, avec en prime, une remise en question de mon traitement. Motif : « vous comprenez, la relation médecin-patient doit être une relation de confiance, on ne peut pas savoir si vous allez suivre scrupuleusement votre traitement de fond ». Ahah. C’est donc moi qui ne suis pas fiable. L’hôpital qui se fout de la charité ? Meuh non, pas du tout…
La cerise sur le gâteau ? Suliane, ma chère Sœurette n°1, interne dans le même hôpital, va se renseigner dès le lendemain, après que Cat’s l’ait mise au courant de ce qui s’était passé. L’interne qu’elle a vu a reconnu qu’à ma place, elle aurait réagi exactement de la même façon, et que finalement, mon futur traitement n’était pas remis en cause, que dès que Neurologue-Bien-Aimé rentrerait de vacances, il verrait ça avec Chef-De-Service-Obtus. Oh, et qu’accessoirement, pour traiter les crises, on allait peut-être me passer sous neuroleptiques…parce que depuis quatre ans que ma maladie est déclarée officiellement, il se trouve qu’on me file un truc dont on n’est même pas sûr que ce soit efficace sur le type de crises que je fais \o/
Merci donc à la médecine pour me filer des insomnies et des problèmes de peau gratos depuis quatre ans \o/
Quoique, soyons honnête : je dois être une des rares personnes que les corticoïdes font maigrir (au lieu de gonfler à cause de la rétention d’eau). Je remercie donc sincèrement le VDG pour les sept kilos que j’ai perdus depuis le mois d’octobre grâce à eux. (Hum, je me tâte du coup pour savoir si je ne devrais pas leur demander de me payer de nouveaux pantalons, vu que tous ceux que j’ai me tombent limite sur les genoux, maintenant).
Un des meilleurs services de santé du monde, donc. Oui, sûrement.
Mais alors, pas entre le 14 juillet et le 15 août, hein.